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Comment utiliser les effets de modulation, deuxième partie : le Flanger

Dans la première partie de cette série de billets dédiés aux effets de modulation, j’ai évoqué le phaser. Dans cette deuxième partie, je vais vous entretenir du Flanger, ou Flanging, effet que nous entendons dans nos enregistrements préférés depuis les années 60. Nous allons voir l’utilité de cet effet pour nous, guitaristes, et dans quels styles il est plus souvent employé.

Comme d’habitude, je vous ai préparé quelques vidéos pour lesquelles j’ai concocté quelques réglages goûteux pour mon bon vieux Boss BF-2.

Le Boss BF-2 n'est plus fabriqué mais reste est un Flanger classique - Photo par Pia jane Bijkerk
D’où vient le Flanger ?

L’effet de Flanging trouve son origine dans les expérimentations de studio des années 60, en particulier en Angleterre. Pour le générer, on enregistrait puis jouait le même morceau en utilisant deux magnétophones simultanément. Un troisième magnétophone enregistrait le résultat. Puisque deux magnétophones analogiques sont toujours un peu désynchronisés, le fait de lire le même morceau sur deux d’entre eux créait un effet de phasing.

Mais certains ingénieurs du son de l’époque poussèrent l’expérimentation un peu plus loin en pressant sur le bord du cylindre d’entraînement de la bande (appelé flange en anglais) de façon à ralentir la lecture de l’un des magnétophones. Le décalage entre les deux magnétophones devint ainsi plus prononcé et ressemblait au son d’un avion à réaction qui décolle. Cet effet fût nommé Flange en référence à la partie du magnétophone qui était utilisé pour le créer.

Il fût d’abord utilisé sur des mixes entiers plutôt que sur des instruments séparés. Le premier exemple de Flanging stéréo de l’histoire se trouve à la fin de « Bold as Love » de Jimi Hendrix.

Les progrès de l’électronique permirent de se passer d’encombrants magnétophones pour recréer cet effet : les pédales Flanger étaient nées. Le truc utilisé pour générer l’effet est d’utiliser un delay très court associé à un oscillateur qui varie légèrement le temps de delay pour créer une oscillation. D’ailleurs, vous pouvez faire l’expérience de régler votre pédale de delay avec un temps de delay très court (1 ms), vous verrez que ça sonne un peu comme un flanger quoiqu’il manque l’oscillateur.

Réglages courants

La plupart des Flanger comportent au moins deux réglages : Depth et Rate (ou Speed). Depth règle l’intensité de l’effet tandis que Rate (ou Speed) règle la vitesse d’oscillation.

Le Boss BF-2 que j’ai utilisé pour produire les vidéos de démonstration plus bas est plus complexe et comportent deux autre réglages en plus de Depth and Rate : il s’agit de Manual and Res.

Res est un réglage de résonance qui peut aussi être appelé Regen ou Feedback selon les modèles. Il permet de ré-injecter le signal déjà « flangé » dans le circuit de façon à encore augmenter l’intensité de l’effet. Le réglage « Manual » est propre au BF-2 et il semblerait qu’il permette de régler le temps de délai.

Un petit conseil concernant les pédales comportant beaucoup de réglages: commencez par mettre tous les boutons à la moitié et ajustez ensuite.

Flanger et son clair

Les pédales de Flamging ne sont devenus courantes qu’à la fin des années 70 et il faut reconnaître que les guitaristes de rock en devinrent les principaux utilisateurs. Avant de vous montrer comment il peut grossir votre son saturé, je vais évoquer le cas de son utilisation en son clair.

Si vous êtes de la même génération que moi, un son clair avec Flanger va vous transporter directement au début des années 80. En effet, les groupes « new wave » comme « The Cure » ou plus pop comme « The Police » étaient très friands d’effets de modulation tels que Chorus et Flanger pour donner un côté éthéré à leurs accords et arpèges comme je le démontre dans cette vidéo. Les vitesses d’oscillation rapides comme lentes sont intéressantes. Notez également que le Flanger peut s’avérer utile pour les plans Funk :

Matos utilisé pour la vidéo: Fender American Classics Stratocaster équipée de micros Kinman AVn Blues à réduction de bruit, ampli Fender Champ de 1974 (Volume à 2, Basse à 10 et Treble à 2.5).

Pour finir sur l’utilisation du Flanger en son clair, je vous conseille également de vous référer à un des tous premiers billets de ce blog qui était consacré au son de Robert Smith de The Cure. J’avais à cette occasion enregistré cette petite interprétation de l’intro et du solo de « A Forest »:

Audio MP3

Flanger et distorsion : avant ou après la distorsion ?

Eddie Van Halen est connu pour son utilisation du phaser surtout sur les premiers albums du groupe mais il fût un peu plus tard très friand de son Flanger MXR.  « Unchained » est un exemple de morceau ou le Flanger magnifie les gros riffs.

Brian May, des Queen, est également connu pour son amour des effets de modulation, écoutez « Keep Yourself Alive » pour un bon exemple de Flanging.

Au sujet du placement du Flanger dans la chaîne d’effet, il y a deux possibilités : avant ou après la distorsion/overdrive. En général, il est placé après mais certains guitaristes préfèrent le placer avant, Prince par exemple. Je vais vous montrer la différence entre ces deux placements dans les vidéos qui suivent.

Commençons par le cas classique du Flanger placé après la distorsion. Je montre ici trois réglages sur mon Boss BF-2. Vous remarquerez que plus le réglage de « Depth » (intensité) est élevé, plus le volume augmente. C’est un phénomène assez classique et plus ou moins prononcé selon les modèles. En effet, le Flanger, tout comme le Phaser d’ailleurs, tend à créer par nature des oscillations du volume.

Le premier réglage de la vidéo montre comment une vitesse (« Rate », troisième bouton en partant de la gauche) relativement lente permet de grossir le son des accords. Lorsque l’on augmente la vitesse et l’intensité, l’effet de grossissement du son est moins flagrant et on s’approche presque du son d’un orgue :

Matos utilisé pour la vidéo: Fender American Classics Stratocaster équipée de micros Kinman AVn Blues à réduction de bruit, ampli Fender Champ de 1974 (Volume à 2, Basse à 10 et Treble à 2.5). Distorsion Boss DS-1 modifiée par Analogman, Dist à fond, Tone à 8h, Level à 10h.

Et maintenant, voici comment un Flanger placé avant la distorsion sonne. L’effet est moins prononcé mais assez déjanté en même temps. Alors qu’on monte en intensité (« Depth ») et vitesse (« Rate »), on s’approche d’un son un peu « fin du monde » :

Matos utilisé pour la vidéo: Fender American Classics Stratocaster équipée de micros Kinman AVn Blues à réduction de bruit, ampli Fender Champ de 1974 (Volume à 2, Basse à 10 et Treble à 2.5). Distorsion Boss DS-1 modifiée par Analogman, Dist à fond, Tone à 8h, Level à 10h.

Quel modèle choisir ?

Ce billet vous a convaincu de l’utilité d’un Flanger mais comme toujours, il y a moult modèles en magasin. Voici une sélection avec quelques commentaires pour vous aider dans votre choix :

  • Le MXR Flanger est un modèle assez mythique que MXR a ressorti il n’y a pas si longtemps. Il fût tant utilisé par Eddie Van Halen que MXR s’est senti obligé d’en sortir une version sous le nom du maître.
  • Le MXR Micro Flanger est une pédale de petite taille avec seulement deux réglages que MXR  réédite depuis cette année et qui semble sonner très très bien.
  • Le Electro Harmonix Delux Electric Mistress est un autre modèle mythique des années 70/80 que Electro Harmonix refabrique. Il fût utilisé par David Gilmour mais aussi Andy Summers de Police. La rumeur veut d’ailleurs que beaucoup des sons clairs d’Andy Summers firent appel au Deluxe Electric Mistress plutôt qu’à une pédale de chorus.
  • Le Boss BF-2 est le modèle que j’ai démontré dans les vidéos de ce billet. Il n’est plus fabriqué par Boss mais il a été au catalogue pendant 20 ans (de 1980 à 2001) ce qui signifie qu’il est assez facile à trouver sur le marché de l’occasion. Il s’agit d’un bon modèle très versatile et particulièrement à l’aise dans les sons clairs à la « The Cure », pas étonannant vu que Robert Smith l’utilise depuis toujours.
  • Le Boss BF-3 a remplacé le BF-2 dans la gamme Boss. Bien que cela ne soit pas précisé sur le site de Boss, je pense qu’il s’agit d’une pédale numérique ce qui lui permet d’afficher deux caractéristiques très rares : il est stéréo et il est possible de moduler la vitesse d’oscillation en tapant sur une pédale (fonction dite « Tap Tempo »).
  • L’Ibanez FL-9 est un autre modèle classique des années 80 qu’Ibanez s’est décidé à refabriquer. Il dispose d’un son très chaud et d’une personnalité propre. J’en possède personnellement un et il fera l’objet d’un prochain billet. A noter que je l’ai vu figurer dans une vidéo présentant les effets utilisés par Joe Satriani lors de sa récente tournée avec Chickenfoot (regardez vers 4 minutes 35). Maxon, le sous-traitant d’Ibanez dans les années 80, propose sa propre réédition du FL-9, je ne saurais vous dire lequel est le plus authentique…
  • Une fois n’est pas coutume, on ne peut pas dire qu’il y ait foule de Flanger sur le marché des effets boutique. Quelques exemples notables : Strymon Orbit, T Rex Twister et Tonebug Chorus Flanger

Comment utiliser les effets de modulation, première partie : le Phaser

Il y a beaucoup d’effets dans la catégorie « modulation ». Dans cette série de billets, je vais tenter de dévoiler les mystères des phaser, flanger, chorus, leslie/univibe, vibrato ou encore tremolo.

Ces effets, utilisés judicieusement, peuvent donner du piquant à toute rhythmique en clair ou saturé, ou encore grossir votre son pour les solos, pour ne citer que quelques-uns de leurs usages. Je ne vais pas rentrer dans trop de détails concernant l’électronique derrière ces effets et vais surtout évoquer leur caractère et leur utilité pour nous, guitaristes.

Dans cette première partie, je vais me concentrer sur l’un des plus vieux effets de modulation : le Phaser, aussi appelé Phasing ou Phase-shifting. Comme d’habitude sur Guitar Tone Overload, je sous ai préparé quelques démos en vidéo (voir plus bas) de mon tout récemment acquis vintage MXR Phase 90.

Le MXR Phase 90, l'un des plus célèbres Phaser au format pédale - Photo by Pia Jane Bijkerk
Phaser ou Flanger ?

Je voudrais commencer par éclaircir la différence entre Phaser et Flanger car il arrive souvent qu’on les confonde. Le Phasing est créé électroniquement en employant une série de filtres (all pass) associés avec un oscillateur basse fréquence tandis que le Flanging utilise un delay très court. Je simplifie énormément mais l’important est de savoir qu’ils sonnent différemment. Un Phaser va apparaître comme étant un peu plus « fou » et n’a pas vraiment d’équivalent dans la réalité . Pour sa part, un Flanger ressemble à un avion au décollage et est similaire à un effet que l’on peut rencontrer dans la nature et appelé « Effet Doppler ». Je donnerai plus d’informations sur le Flanger dans la seconde partie de cette série de billets. Si l’aspect scientifique du Phaser vous intéresse rendez-vous sur wikipedia (la version anglaise est plus complète) .

Qui utilise un phaser ?

Un Phaser est utilisable dans tout genre musical mais il faut reconnaître qu’il est plus particulièrement indissociable de certains.

Utilisé avec un son clair, c’est un effet très utilisé en Reggae, écoutez le solo de « No Woman no Cry » de Bob Marley sur son « Live au Lyceum » pour un exemple édifiant de guitare « phasérisée ».

Toujours utilisé en son clair, il fait des merveilles sur des rythmiques funk et peut consister une alternative intéressanet à la Wah Wah.

Enfin, en rock, voire heavy rock, Brian May de Queen ou bien sûr Eddie Van Halen sont friands du Phaser pour grossir leurs sons saturés. Le premier Album de Van Halen est quasiment une démo du Phaser MXR Phase 90. Il suffit d’écouter les intros de « Atomic Punk » ou « Ain’t Talking about Love » pour s’en rendre compte.

Grand Classique : le MXR Phase 90

J’ai décidé de commencer mon tour des pédales de phasing par le légendaire le MXR Phase 90, rendez-vous après les vidéos de démonstrations pour les autres modèles.

Le MXR Phase 90, je disais donc, est une petite pédale orange dont la première incarnation remonte aux années 70 et qui est aux Phasers ce que la Tube Screamer est aux pédales d’overdrive : le standard. J’ai récemment acquis un modèle vintage et je dois dire que sa réputation n’est pas usurpée. C’est un effet très chaud et bien qu’il ne dispose que d’un seul bouton de réglage, il permet d’obtenir nombre de sons différents. Avec le réglage de vitesse (« speed ») entre 10h et midi, on obtient facilement des sons à la Van Halen tandis qu’à environ 2h, on s’approche d’un son d’Univibe tout Hendrixien.

Si vous cherchez à acquérir un Phase 90, il peut s’avérer difficile de faire son choix entre les modèles neuf (trois au catalogue de MXR !) et les différents modèles vintage. Les tout premiers modèles sortis dans les années 70 n’ont pas de diode de mise en service et « phase 90 » est écrit avec une fonte du type « écriture à la main » d’où le surnom de ces modèles : « Script ». Vers la fin des années 70, des modèles comportant « phase 90 » écrit  en lettres capitales sortirent sans grand changement intérieur, ils sont surnommés « Block ».

MXR a fait faillite dans les années 80 et fût ressuscité par Dunlop qui fabrique à l’heure actuelle trois modèles de Phase 90. Le premier et le plus abordable est orange, comporte phase 90 en capitales (« Block ») et une diode de mise en service. Cela n’est pas une mauvaise pédale mais ne sonne pas tout à fait comme les modèles des années 70, il a tendance à distordre et son effet est plus agressif. Ceci explique pourquoi MXR propose un modèle reissue plus cher, sans diode et qui doit être alimenté par une pile mais qui est plus conforme à l’original. Le troisième modèle est un modèle créé en collaboration avec Eddie Van Halen, le EVH Phase 90 à la livrée rouge et blanche. Il comporte une magnifique diode bleue et surtout un petit interrupteur qui permet de passer d’un son « moderne » à un son « Script » (soit vintage). Un quatrième modèle est toujours recensé sur le site Web mais semble difficile à trouver en magasin, il s’agit d’une pédale MXR Custom Shop, référence CSP-101, qui est une version reissue vintage avec une diode et une entrée pour alimentation externe. Il semblerait cependant que ce modèle soit un modèle EVH mais sans l’interrupteur pour passer d’un son à l’autre, autant donc acquérir un EVH. Pour une comparaison sonore entre le modèle « Block » d’entrée de gamme et le modèle custom shop allez voir cette vidéo de gearmanndude.

Un Phase 90, comment ça sonne ?

J’ai enregistré 3 vidéos avec mon Phase 90 pour vous montrer l’utilité d’un phaser. Sur la première vidéo, j’utilise un son clair, sur la deuxième un Phase 90 placé avant une distorsion et sur la troisième, un Phase 90 placé après la distorsion. Je montre divers réglages sur le Phase 90 et ajoute en fin de vidéo un delay Boss DD-3 pour montrer comment l’alliance d’un phaser et d’un delay peut vraiment grossir le son.

Phase 90 en son clair :

Matos utilisé pour la vidéo: Fender American Classics Stratocaster équipée de micros Kinman AVn Blues à réduction de bruit, ampli Fender Champ de 1974 (Volume à 3, Basse à 10 et Treble à 2.5).

Et maintenant un Phase 90 placé avant la distorsion (une DS1 modifiée par Analogman). Notez comment le réglage à 10h est très Van Halenesque tandis que le réglage à 2h est plus Hendrixien :

Matos utilisé pour la vidéo: Fender American Classics Stratocaster équipée de micros Kinman AVn Blues à réduction de bruit, ampli Fender Champ de 1974 (Volume à 3, Basse à 10 et Treble à 2.5). Distorsion Boss DS-1 modifiée par Analogman, Dist à fond, Tone à 8h, Level à 10h.

Et maintenant, voici le Phase 90 placé après la distorsion (toujours une DS1 modifiée par Analogman). L’effet est plus prononcé et plus agressif, je préfère personnellement le placement avant :

Matos utilisé pour la vidéo: Fender American Classics Stratocaster équipée de micros Kinman AVn Blues à réduction de bruit, ampli Fender Champ de 1974 (Volume à 3, Basse à 10 et Treble à 2.5). Distorsion Boss DS-1 modifiée par Analogman, Dist à fond, Tone à 8h, Level à 10h.

Modèles alternatifs au MXR Phase 90

Avant de choisir une un Phaser en pédale, il est important de savoir qu’un Phaser donné dispose d’un certain nombres de filtres ou étages (« stages » en Anglais). Le nombre d’étages a une influence direct sur le son. On peut dire pour simplifier que plus il y a d’étages, plus l’effet sera prononcé et/ou délirant. Les phasers les plus simples comme le tout récemment réédité Phase 45 de MXR n’ont que deux étages et sont donc assez « doux ». Les Phasers à 4 étages sont probablement ceux que l’on a le plus entendu sur les enregistrements des années 70 et deux modèles sont archi-connus : le MXR Phase 90 bien sûr et l’Electro Harmonix Small Stone. Ils furent tout deux utilisés par David Gilmour dans les seventies. Si vous cherchez à reproduire le son de vos artistes favoris, il y a des chances pour ce que vous recherchiez soit un Phaser à 4 « stages ».

Certains fabricants comme Boss sont allés plus loin et le Phaser PH-2 qui n’est maintenant plus en production mais qui est relativement répandu propose 10 à 12 stages selon la position du bouton mode. Je possède un PH-2 et bien que cela soit une pédale intéressante, je dois avouer que l’effet est si prononcé que je trouve difficile de l’utiliser pour reproduire des sons classiques à la Van Halen ou Reggae/Funk années 70. Le PH-2 a été remplacé dans la gamme Boss par le PH-3. Il s’agit d’une pédale numérique qui peut simuler le son de phasers à 4, 8, 10 ou 12 étages. Je ne l’ai pas essayé donc il m’est difficile de commenter mais de l’avis général, c’est une pédale flexible quoique moins chaude que ses collègues analogiques.

Les réglages sur les Phasers courants vont de un seul bouton de vitesse pour contrôler la vitesse de l’oscillation comme sur le MXR Phase 90 à un trio de bouton nommé « Depth », « Rate » and « Resonance » sur les modèles plus sophistiqués comme les Boss. « Depth » contrôle l’intensité de l’effet, « Rate » la vitesse d’oscillation et « Resonance » le taux de signal déjà traité qui est ré-injecté dans l’entrée de l’effet, de façon à obtenir un effet de Phasing extrêmement prononcé.

Au sujet du placement du Phaser dans la chaîne d’effets, il y a comme un débat : avant ou après la distorsion/overdrive ? Dans la plupart des multi-effets, il est placé après la distortion mais avec une pédale, vous faites ce que vous voulez et je dois avouer que je préfère placer mon MXR Phase 90 avant ma distorsion, je trouve le résultat plus gras. Mais comme toujours, à vous d’expérimenter !

Pour finir, n’oublions pas que le Phaser fait merveille sur d’autres instruments que la guitare, en particulier les claviers (sur les sons de Fender Rhodes ou nappes) ou la basse.

Autres modèles de Phaser notables

Sur le marché de l’occasion, si vous pouvez en trouver un, le Maestro PS1 est légendaire. Il n’existe aucun clone moderne à ma connaissance.

Comme toujours, les fabricants boutique nous gratifient d’excellentes alternatives comme Retro-Sonic avec son phaser qui est un clone de MXR Phase 90 sauce années 70 mais agrémenté de plus de réglages. Mentionnons également une marque un peu à part, Pigtronix dont le modèle EP-1 semble déjanté à souhait.

Pour finir, pour ceux d’entre vous qui ont un petit budget, l’Ibanez PH7 est une alternative intéressante avec ses deux modes : 4 et 8 étages.

Comment utiliser un delay, deuxième partie

Dans la première partie de cette série de billets dédiés à l’utilisation du delay, je vous ai montré comment créer des effets rythmiques « à la U2 » en synchronisant le delay au tempo d’un morceau. Aujourd’hui, deuxième partie de nos aventures au pays du delay avec au menu des exemples de réglages pour grossir votre son avec vidéos à l’appui. J’ai utilisé pour cela mes fidèles Boss DD-3 et Electro Harmonix Memory Man. Après les vidéos,  je traite de la différence entre delay analogique et numérique, différence assez fondamentale quand vient le temps de choisir une pédale de delay.

Grossir le son avec un delay du genre « guitar hero »

C’est l’un de mes effets favoris, le type de delay dont les guitaristes des années 80 à cheveux longs étaient friands pour embellir leurs solos endiablés. Je montre ici comment l’obtenir avec un Boss DD-3 ou un Electro Harmonix Memory Man, au son plus sombre et chaud:

Son de base: Stratocaster American Classics, Micros Kinman -> Analogman TS9 -> Proco RAT-2 -> préampli Marshall JMP-1 en direct

Pour recrér ce genre de delay avec un plugin logiciel ou un multieffet, réglez un temps de délai autour de 350ms, 3 ou 4 répétitions et le level à 25%. Les résultats varient selon les équipement donc il vous faudra expérimenter un peu pour trouver les réglages qui vous conviennent le mieux et qui conviennent au morceau.

Grossir votre son: l’écho slapback

J’ai écris un billet entièrement consacré à l’écho slapback donc je vais faire figurer ici uniquement les réglages et la vidéo. Sacez seulement que l’écho slapback est l’ancêtre de tous les delays, utilisé à outrance sur les disques de rock’n roll et rockabilly des année 50. Il ne comporte qu’une seule répétition et le temps de délai est très faible. Cela peut paraître simpliste mais l’écho slapback est un outil formidable pour grossir le son :

Son de base: Telecaster 78 -> Proco RAT 2 -> Fender Champ

L’écho slapback de cette vidéo est produit par le plugin de delay intégré à Cubase 5 et voici les réglages :

Slapback Settings

Vous pouvez obtenir le même type d’effet avec un Boss DD-3 et les réglages suivants: Mode 200ms, E.LEVEL à midi, F.BACK à 9h et D.TIME à 4h. Vous pouvez faire varier le D.TIME et E.LEVEL selon votre goût. Dans le cas d’un multi-effet, réglez le temps de delay entre 70 et 200ms et le « feedback » de façon à n’obtenir qu’une seule répétition.

Grossir votre son: le delay multitap

Si un delay ne suffit, prenez-en deux… ou plus! Connu sous le nom de « multitap delay », l’utilisation de deux ou plusieurs delays en série multiplie les possibilités sonores de façon assez inouïe.  Je montre ici l’utilisation d’un Boss DD-3 en conjonction avec un Electro Harmonix Memory Man. Notez que j’ai réduit le temps de délai sur le DD-3 par rapport à la première vidéo. En effet, il était trop proche de celui du Memory Man et ne créait pas assez de « remous » à mon goût:

Son de base: Stratocaster American Classics, Micros Kinman -> Analogman TS9 -> Proco RAT-2 -> préampli Marshall JMP-1 en direct

Encore une fois, expérimentez, expérimentez ! J’ai utilisé ici des réglages relativement similaires sur les deux pédales mais vous pouvez très bien mélanger un délai long avec un délai plus court. A un moment donné de sa carrière, Joe Satriani utilisait trois délais en série: un courts, un moyen et un long. Cela sonnait presque comme une réverb, mais sans réverb…

Analogique contre Numérique

Après avoir visionné ces exemples, vous avez peut-être envie d’acquérir votre premier delay, (ou votre deuxième…). Le débat analogique contre numérique fait rage, essayons d’y voir plus clair…

Continuer la lecture de Comment utiliser un delay, deuxième partie

Guitaristes: le son de John Butler

Il est temps de parler un peu de guitare électro-acoustique avec un billet sur John Butler. Je vais essayer de montrer comment on peut approcher son son en utilisant un minimum de matériel et quelques pédales communes.

Guitariste australien, John Butler a été révélé au grand public lors de la sortie de son troisième album, « Sunrise over Sea » et son hit single « Zebra« . John Butler joue généralement en trio d’où le nom de son groupe : le « John Butler Trio » (JBT pour les intimes).

John Butler à Auxerre en 2007 - Photo Benoît Derrier
Guitares et style guitaristique

Son utilisation du matériel est assez originale quoique pas complètement unique. Son instrument principal est une 12 cordes electro-acoustique fabriquée par Maton en Australie. Il utilise cette guitare alternativement de façon conventionnelle ou avec des pédales et un ampli Marshall pour lui donner un côté « électrique ». Notez qu’en fait de 12 cordes, je devrais plutôt dire 11 cordes. En effet, John Butler enlève le G aigu de ses guitares car il trouve qu’il donne une tonalité un peu « aigrelette ».

Pour ce qui est de son style, John Butler est un maître du finger picking, du slide ou encore des percussions guitaristiques ce qui le rend très intéressant à étudier. Il fait partie de cette vague de guitaristes qui poussent l’utilisation de la guitare acoustique dans un contexte rock vers des sommets techniques. Il a aussi un style assez frais comparé à la horde de métalleux super rapides qui semblent hanter les magazines et les sites spécialisés. Je n’ai rien contre les métalleux super rapides (bien au contraire) mais un peu de diversité ne fait jamais de mal.

Outre la 12 cordes susmentionnée, John Butler taquine également le Dobro, la Telecaster, le banjo ou la guitare acoustique à 6 cordes bien standard. Cependant, je vais me concentrer dans ce billet sur son utilisation de la 12 cordes et son système d’effets et d’amplification qui s’avère assez complexe. Cette interview (en Anglais) est une bonne source d’informations à ce sujet mais je vais essayer de faire un résumé complet ici.

Effets et amplification

La 12 cordes de John Butler est équipée de deux système de micros : un pour le son acoustique et un autre pour le son électrique.

Pour le son électrique, la partie magnétique d’un micro Mag Mic Seymour Duncan est utilisée. Le signal va ensuite dans la chaîne de pédales. Cette chaîne est composée des modèles suivants : une overdrive pour basse Boss ODB-3, une Micro Vibe de Voodoo Lab, une réverb Boss RV-2, une wah wah Dunlop Crybaby 535Q et un delay/looper Akai Head Rush E2. Le signal va ensuite dans un Preampli Instrument Avalon U5 avant d’attaquer une pédale de volume, une overdrive Ibanez TS9DX et un ampli Marshal JMP Super Lead de 1975l. Ouf! La pédale de volume permet d’introduire plus ou moins de son « électrique » dans le mix.

Voici une photo de la chaine de pédales (source ici) :

La Chaîne de pédales de John Butler

Pour son son acoustique, John Butler utilise le micro intégré à sa guitare. Il s’agit du système APMic que Maton fabrique pour ses guitares. Le signal capté par ce micro attaque un préampli micro Avalon M5. Les deux préamplis Avalon (le U5 mentionné plus haut et le M5) sont branchés dans une table de mixage et un « switcher » avant de rejoindre la table de mix principale. Donc si je comprends bien, John Butler peut choisir de colorer son son acoustique pure par le son traité par les pédales.

John Butler utilise le même système en studio mais il y ajoute dans ce cas des micros pour capter le son complètement acoustique de sa guitare. C’est donc un système très flexible qui lui permet d’avoir un son acoustique, un son acoustique avec effet et un son électrique. Pour ce dernier la pédale de volume permet de doser son importance dans le mix.

Essayons d’approcher le son de John Butler

L’idée dans cette série de billets est d’essayer de capturer l’esprit du son et/ou du style d’un guitariste en utilisant un minimum de matos. J’espère en l’occurrence vous encourager à utiliser une guitare electro-acoustique de façon non conventionnelle, c’est à dire de l’utiliser avec des effets et un ampli pour guitare électrique. Je n’ai pas essayé de reproduire ici la dualité acoustique/électrique de John Butler mais me suis concentré sur l’électrification d’une guitare acoustique. Peu de guitaristes le font et c’est dommage car cela ouvre la porte à d’intéressantes possibilités sonores.

J’ai la chance de posséder une guitare acoustique Maton fabriquée en Australie, une EM225C pour être précis. Elle est équipée d’un micro AP4 également fabriqué par Maton. C’est un instrument fantastique mais qui n’a « que » 6 cordes. Donc la première pédale que j’ai décidé d’utiliser est un chorus Boss CH-1 qui permet de simuler le son d’une 12 cordes. J’ai ensuite décidé d’utiliser une réverb Boss RV-3, assez proche de la RV-2 utilisé par John Butler. Notez que la RV-2, comme la RV-3, ne sont plus fabriquées et ont été remplacées par la RV-5. Ceci dit, trouver une RV-3 sur le marché de l’occasion n’est pas trop difficile. Pour la RV-2 c’est une autre histoire car elle n’a pas été fabriquée longtemps. J’ai également opté pour une overdrive Boss SD-1, un modèle bon marché qui pour le prix n’est pas mal du tout (et qui a l’objet d’un billet récemment sur ce site). Bien sûr, toute bonne overdrive peut faire l’affaire. Enfin, j’ai décidé d’utiliser ma bonne vieille wah wah Morley.

La chaîne utilisée pour la vidéo était donc :

Guitare Maton EM225C -> Morley Wah -> BOSS SD-1 Overdrive -> BOSS CH-1 Chorus -> BOSS RV-3 Reverb -> ampli Fender Champ réglé assez clair.

Je montre au début de la vidéo comment une pédale de chorus peut faire sonner une 6 cordes comme une 12 cordes puis je montre l’ensemble de la chaîne :

Les réglages étaient les suivants :

  • Ampli: 1974 Fender Champ avec VOLUME à 3, BASS à 10 et Treble à 2.
  • BOSS SD-1 Overdrive: Tone 9h, Level 12h, Drive 3h
  • BOSS CH-1 Chorus: E.LEVEL 3h, EQ 2h, RATE 12h, DEPTH 2h
  • BOSS RV-3 Reverb: BALANCE 9h, TONE 9h, R.TIME 1h, MODE 9

L’ampli étai repris par un micro RODE NT-4 et enregistré par un Boss Micro-BR. L’enregistrement fût ensuite transféré dans Cubase 5 pour ajouter un peu de compression (principalement pour optimiser le volume).

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