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Guitaristes

Guitaristes: le son de Joe Satriani (m.a.j. Février 2012)

Après Robert Smith et Jeff Beck, je me suis dit qu’il était temps de faire figurer un virtuose de la guitare rock comme seules les années 80 ont pu en produire, j’ai nommé Joe Satriani. Si vous ne connaissez pas Joe Satriani et que vous jouez de la guitare électrique, vous avez sans soute été enlevé par des extra-terrestres dans les années 70 pour n’être revenu sur terre que la semaine dernière (procurez-vous une copie de « Surfing with the Alien » pour commencer).

Nous allons aborder dans ce billet le matériel et le son « solo » de Joe Satriani et tenter de le recréer en utilisant des pédales tout à fait communes, recréation que je démontre dans une vidéo (voir plus bas). Bien que pour ses albums studio, surtout depuis les années 90, Satch emploie beaucoup d’effets différents pour créer des textures sonores très riches, il a une approche un peu plus simple en live et 90% du temps, il utilise la même recette pour obtenir son son. Le reste, bien sûr, est dans les doigts du maître, et ça ne se trouve pas dans les magasins.

Photo par CodePoet prise en concert à Atlanta en 2008
Guitares

Bien que pour « Surfing with the Alien », son deuxième album sorti en 1987, Satriani ait utilisé une Kramer Pacer, il est vite devenu à la fin des années 80 un des principaux « endorseurs » d’Ibanez. C’est toujours le cas aujourd’hui et la série JS de guitares du constructeur japonais n’a cessé de croître. Le modèle le plus courant et le plus utilisé par Satriani est la JS1000, disponible dans une version plus abordable nommée JS100. On trouve également dans cette série, entre autres, la toute récente JS2400 avec 24 cases ou la JS1600 sans vibrato.

Pour revenir à la classique JS1000, elle dispose d’un manche vissé, de deux double-bobinages custom Di Marzio et d’un vibrato du type floyd rose à blocage. En soit, cette guitare est représentative des innovations technologiques des années 80, à l’orée desquelles Eddie Van Halen avait pris une guitare de type Stratocaster pour lui adjoindre un micro double bobinage et un floyd rose : une espèce de croisement entre Fender et Gibson, vague sur laquelle Ibanez a su surfer.

Les micros de la JS1000 ont été faits pour Satriani par Di Marzio et le micro grave a un son assez particulier, il sonne presque comme un micro grave de Stratocaster. Sur ce modèle, les double-bobinages peuvent être splittés pour sonner plus comme des simples, système des plus versatiles. Enfin, le vibrato permet tous les abus et on peut dire que Satriani est un abuseur de premier ordre, passé maître dans l’art d’obtenir les effets les plus délirants, le tout en restant accordé.

Amplis et effets

Dans les années 80, il était courant pour des guitaristes à tendance rock plutôt métallique d’utiliser des amplis Marshall « à donf », parfois boostés par une pédale d’overdrive. Satriani, au contraire, obtenait souvent son son en utilisant des pédales de disto avec un ampli en son clair, système qu’il a utilisé tout au long de sa carrière. La pédale de distorsion BOSS DS-1, d’un orange tout seventies, fût une part extrêmement importante de son dispositif des années 80 jusqu’à la sortie de son propre modèle de pédale de distorsion l’année dernière, la Satchurator, conçue en collaboration avec VOX. Au sujet de l’utilisation de pédales de distorsion, je suis allé voir Satriani au Rex en 2006, lors de la tournée « Super Colossal » et je l’ai distinctement vu passer d’un son clair à son son solo si reconnaissable en appuyant sur une petite pédale orange située devant lui ; pas de doute possible il s’agissait d’une DS-1. Cela m’a d’autant surpris que Peavey venait de sortir une série d’amplis conçus en collaboration avec Satriani (la série JSX) et que ceux-ci sont bien capables de produire de la distorsion. J’en ai conclu assez finement qu’ils devaient être utilisés en son clair lors de la tournée, la distorsion provenant de la DS-1.

Il s’agit d’une pédale ne faisant pas l’unanimité, certains la trouvent « synthétique », « trop aigue », etc. Je pense qu’elle ne sonnera pas forcément bien avec n’importe quelle guitare ou n’importe quel ampli, elle peut même sonner très mal (perso, je n’en suis pas fan avec des simples bobinages mais avec des doubles c’est une autre histoire). Aussi, ce n’est pas une pédale capable de produire 50 sons différents mais plutôt un seul donc si vous ne l’aimez pas, il n’y a pas grand chose que vous puissiez faire. Cela dit, beaucoup de pros en tirent des sons incroyables et elle est au catalogue BOSS depuis plus de trente ans ! Cette controverse au sujet de la qualité sonore de la DS-1 explique pourquoi il s’agit d’une des pédales les plus modifiées du marché. Les suspects habituels comme Analogman, Robert Keeley ou Monte Allum proposent des modifications pour DS-1 et chacune sonne différemment (je possède une Keeley et une Analogman et elles sont assez différentes mais ce sera pour un autre billet). Plus récemment, il semblerait que Satriani soit passé d’une version non modifiée à une version Keeley (comme son copain Steve Vai) mais je trouve peu de preuves à ce sujet.

Mise à jour Février 2012: j’ai trouvé récemment cette interview du maître sur le site musicplayers.com (en anglais). Elle donne un éclairage sur la DS-1 utilisée par Satch: “J’utiliserais une Boss DS-1 vintage, légèrement modifiée. Je ne peux pas vous dire quelle est la modification, c’est un secret!”. Donc sa Boss DS-1 était légèrement modifiée, mais comment exactement, le mystère reste entier.

BOSS DS-1
La DS-1 de BOSS, aimez la ou quittez la

Au sujet du son de Satriani, je m’amuse toujours à lire dans les forums qu’il ferait mieux d’utiliser une Les Paul de 1659 avec un Bassman datant de l’antiquité romaine au lieu d’une Ibanez et de pédales BOSS. J’ai vu plus d’un grand guitariste sur scène et le son de Satriani est l’un des plus gros qu’il m’ait été donné d’entendre et il est de surcroit parfaitement adapté à son style.

Il y a deux autres effets qui font partie intégrante du son de base de satriani: le delay et la wah wah. Dans les années 90, il a même utilisé jusqu’à trois delays en série ! Bien que la plupart de ses effets aient toujours été des pédales posées devant lui, il utilisait à cette époque deux delays chandler en rack en sus de sa vieille pédale BOSS DM-2 ou DD-2 (voir ce schéma sur guitargeek). Si vous avez plusieurs delays (ou un logiciel d’enregistrement), vous pouvez essayer de brancher trois delays en série, le premier avec un réglage court, le second avec un réglage moyen et le troisième avec un réglage long. Effet garanti, ça sonne un peu comme un grosse réverb mais sans utiliser une réverb.

Dans les années 2000, Satch est revenu de ce système et avait souvent juste une pédale BOSS DM-2, voici des photos des pédales utilisées pour le Experience Hendrix Tour 2010. Mais depuis l’année dernière, Satriani dispose de son propre modèle de delay conçu avec VOX (encore eux) : la Time Machine. En ce qui concerne les wah wah, le maître a utilisé divers modèles comme une vieille VOX ou le modèle 535Q de Jim Dunlop avant de se participer à la conception d’une pédale avec Moulinex.. heu non, VOX bien sûr! Il s’agit de la Big Bad Wah. Ce n’est pas une coincidence si les trois premières pédales issues de la collaboration du guitariste avec VOX sont une wah wah, une distorsion et un delay. En effet, ces trois effets sont les fondamentaux du son de Satriani. Une quatrième pédale a été annoncée au Musikmesse, il s’agit d’une overdrive nommée Ice 9.

Au sujet des amplis, comme je l’ai écrit plus haut, il les utilise plutôt en son clair, ses pédales produisant la distorsion nécessaire. Dans les années 90, il utilisait sur scène une tête Marshall Anniversary puis il est passé aux Peavey JSX. Il semblerait qu’il ait décidé d’utiliser Marshall à nouveau après sa courte collaboration avec Peavey.

Pour résumer, une wah wah, une bonne disto, un delay branché dans un bon ampli en son clair et vous devriez pouvoir recréer le son solo de Joe Satriani. Je ne dis pas que vous pourrez recréer tous les sons qu’il utilise mais probablement 90% d’entre eux, et en particulier pour jouer des classiques comme « Surfing with the Alien », « Satch Boogie » ou Ice 9.

Pour les 10% restant, ses morceaux font appel à un effet particulier sans lequel il sera difficile de reproduire le son comme la Digitech Whammy utilisée sur « cool #9 », la POG d’Electro Harmonix entendue dans « Super Colossal » ou encore l’Ultimate Octave de Fulltone utilisée sur plusieurs titres. Notez également l’utilisation, en particulier sur les son clairs, d’effets de modulation tels que le chorus BOSS CH-1, le flanger BOSS BF-2 ou la recréation d’Univibe Fulltone Deja Vibe. Ces modèles ne figurent pas toujours sur son « pedalboard » car les pédales vont et viennent au gré des tournées et des albums.

Recréons le son solo de Joe Satriani

Pour cet effort, j’ai utilisé une pédale Wah Wah RMC-1, une BOSS DS-1 non modifiée et un bon vieux delay BOSS DD-3, le tout branché dans mon Fender Silverface Champ réglé plutôt clair. Je n’ai pas de guitare de type Ibanez (j’accepte les JS1000 en donation) donc j’ai utilisé ma Gibson SG Reissue 61 car il faut des double-bobinages pour recréer ce genre de son. Et voilà le résultat :

Dommage que ne possède pas de guitare avec un floyd rose, je n’aurais pas du vendre ma guitare de shredder. S’il y a une chose que j’ai découverte cependant, c’est que Satriani a une technique extrêmement propre que mon style blueso-approximatif m’empêche de reproduire. Une des caractéristiques du style de Satriani sont ses descentes ou montées en legato tout en hammer et pull off et je suis plutôt habitué à jouer chaque note au médiator, le rendu est complètement différent. Enfin, je me serai bien amusé à ressortir ma DS-1 du placard.

Les réglages étaient les suivant :

  • BOSS DS-1: DIST presque à fond mais pas tout à fait, LEVEL à 12 o’clock et TONE assez bas à 8/9 o’clock
  • BOSS DD-3: LEVEL à 10 heures, FEEDBACK à midi, TIME à 2 heures et MODE à 800ms.
  • Sur l’ampli : Volume à 3, BASS à 10 and TREBLE à 2.5 (le champ est assez brillant comme beaucoup d’amplis Fender)

L’ampli était repris par un Shure SM-57 et j’ai ajouté un peu de réverb et de compression dans Cubase 5.

2010, l’année de la guitare ?

Je ne sais pas ce qu’il y a dans l’air mais en tout cas la guitare fait un retour en force en 2010. Un certains nombre de grands noms de la tripote du manche viennent de (ou vont) sortir des albums qui pourraient faire date.

Tout d’abord, Joe Bonamassa vient de sortir un album énorme intitulé Black Rock (disponible entre autres sur iTunes). Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas Joe Bonamassa, sachez qu’il a 33 ans et joue en professionnel depuis 20 ans, le genre de gars qui vous pousse à pratiquer votre instrument ou à vendre vos guitares sur ebay. En tout cas, il a probablement l’un des plus gros sons Blues Rock de la terre, que ce soit sur scène ou en studio. Voici la bande annonce de son DVD live au Royal Albert Hall, sorti l’année dernière (il reçoit lors du concert la visite d’un certain Eric C. de Londres, adepte de la Stratocaster) :

Deuxièmement, Slash, que l’on ne présente plus, vient de sortir un album intitulé « Slash ». C’est plein d’invités comme Ozzy Osbourne, Chris Cornell ou même Fergie des Black Eyed Peas. Vous pouvez l’acheter et l’écouter en ligne sur www.slashonline.com. C’est du gros rock qui tache, ça sonne énorme mais pas surproduit, on dirait un peu du Guns’n Roses à la sauce 2010.

Voici la bande annonce de l’album (en Anglais sans sous-titrage):

Enfin, dans un autre registre, Messieurs Robben Ford et Michael Landau ont décidé de sortir un album ensemble. Il s’intitule « Renegade Creation ». Pour mémoire, il s’agit de deux guitaristes de studio et de scène parmi les plus demandés aux US. En solo, leur style est plutôt « blues rock jazz fusion », ça tache pas, c’est très propre et léché, on attend avec impatience l’album. Il y a une ou deux vidéos des deux maestros jouant ensemble sur scène sur la page myspace de Michael Landau.

Renegade Creation

Guitaristes : le son et le style de Jeff Beck

Je ne pense pas que Jeff Beck ait besoin d’être présenté. Il est l’un des inventeurs de la guitare rock, a joué avec tout le monde ou presque mais il est surtout l’un des guitaristes de rock les plus originaux.

Nous allons voir comment nous pouvons approcher son son de guitare en utilisant des pédales assez communes et évoquer plus en détails son style guitaristique inimitable. Si vous ne connaissez pas sa musique, le « Live at Ronnie Scotts » sortie fin 2008 est une bonne introduction, il s’agit d’un live récent de Jeff Beck, au sommet de son art.

Jeff Beck
Courtesy of jeffbeck.com - cliquez sur l'image pour voir une bio en Anglais de l'artiste

Il est assez ironique de présenter le matériel de Jeff Beck dans la mesure où il s’agit d’un guitariste qui personnifie une notion que je partage à 100%, à savoir que le « son est dans les doigts ». Bien sûr, il faut un peu plus que juste dix doigts pour obtenir un son de guitare mais dans le cas de Jeff Beck, le matériel représente certainement moins de la moitié de son son. D’aucuns disent qu’il est un « multi-effet ambulant » et c’est un peu vrai. En tout état de cause, son matériel est choisi pour lui permettre d’utiliser toutes ses techniques sonores.

Guitare

Commençons pas ses guitares. Bien qu’il ait utilisé nombre de modèles au cours de sa longue carrière, y compris des Les Paul et des Telecaster, on associe le plus souvent Jeff Beck à la Fender Stratocaster, guitare qu’il utilise quasi-exclusivement depuis 30 ans. Il en exploite d’ailleurs toutes les ressources sonores : utilisation tantôt subtile tantôt abusive du vibrato, brillance du micro aigu, qualité plus sombre du micro grave, violoning en utilisant le bouton de volume, slap, etc.

Jeff Beck strat
Le modèle actuelle de stratocaster Jeff Beck

Il est intéressant de remarquer que tout comme Eric Clapton, Jeff Beck dispose d’un modèle « signature » de Stratocaster depuis les années 80 et que ce modèle a changé au cours des années. Je me rappelle que je bavais devant le modèle Jeff Beck d’il y a 20 ans, celui-ci était équipé de micros lace sensor et d’un curieux double-bobinage en position aigue. Le modèle actuel est équipé de micros Fender noiseless et d’un système de vibrato moderne nommé LSR roller nut.

Amplis

Jeff Beck est resté fidèle aux amplis Marshall. J’ai eu la chance de le voir à l’Olympia en 2001 et il utilisait à l’époque deux deux-corps JCM 2000 DSL 100. C’est d’ailleurs une configuration qu’il a utilisé pendant quasiment toutes les années 2000. Les férus de matos on remarqué un changement lors du « Live at Ronnie Scotts » en 2008 et dans les concerts d’après. En effet, il est passé de DSL 100 à un JTM-45 (sans master volume) et un Vintage Modern. Quoiqu’il en soit, Jeff Beck a indéniablement un « son Marshall ». Pour les plus anglophones d’entre vous, sachez qu’il y a ici, un entretien récent en vidéo avec le technicien guitare de Jeff Beck qui donne un certains nombre d’informations intéressantes au sujet de ses amplis et de leurs réglages. On y apprend en particulier que le JTM-45 a une place prépondérante dans le dispositif, que les basses sur l’ampli sont à zéro et que les contrôles de la guitare sont mis à contribution pour changer la couleur sonore. A ce sujet, le modèle de stratocaster que Jeff Beck utilise a un contrôle de tonalité générale et non pas un contrôle de tonalité pour le micro grave, un pour le micro milieu et aucun pour le micro aigu comme c’est le cas traditionnellement.

Effets

Au cours de sa carrière, Jeff Beck est connu pour avoir utilisé très peu d’effets entre sa guitare et son ampli. Pendant un temps, vers les années 80, il utilisa une distorsion Proco Rat mais aussi un flanger. Quand je l’ai vu sur scène en 2001, il n’avait qu’une wah wah entre sa guitare et ses amplis. Pour le « Live at Ronnie Scotts » et les concerts ultérieurs, il a été vu en train d’utiliser une pédale d’overdrive assez rare et chère, la Klon Centaur de façon à obtenir plus de saturation (ou peut-être pour compenser le fait que le JTM-45 a moins de saturation qu’un ampli Marshall récent).

Cependant, c’est que cela n’est pas parce qu’il n’utilise pas beaucoup d’effets entre sa guitare et son ampli qu’il n’utilise pas d’effet du tout. Dans la plupart de ses enregistrements studio, le son de Jeff Beck se voit « augmentée » d’une assez grosse réverb et parfois de delay. Quand je l’ai vu sur scène, on pouvait clairement entendre de la réverb et du delay ajoutés à la console. Petite digression à ce sujet, la quantité de réverb que l’on peut utiliser en live dépend du lieu, pas besoin de réverb dans une église par exemple.

Pendant le « Live at Ronnie Scotts », on peut voir grâce au DVD enregistré pour l’occasion, qu’une réverb Lexicon ALEX est posée sur l’un des amplis. Plusieurs personnes disent avoir claierement vu Jeff Beck manipuler la réverb en question pendant le concert. Il semblerait que comme Ronnie Scott est un club relativement petit, une unité de réverb ait été nécessaire pour obtenir ce son spacieux.

Recréons le son de Jeff Beck

Pour recréer le son de Jeff Beck, j’ai décidé délibérément d’utiliser une des pédales d’overdrive les plus communes et les moins chères du marché, la BOSS SD-1, branchée dans un ampli en son clair. La SD-1 sera plus proche du son de Jeff Beck d’il y a quelques décennies que du son récent où il me semble utiliser plus de gain.

J’ai également décidé d’ajouter une pédale de réverb, une BOSS RV-3, malheureusement plus fabriquée mais n’importe quelle bonne réverb peut faire l’affaire (voir même la réverb de votre ampli).

Une overdrive, une réverb et… une Stratocaster bien sûr. Ma strat est une American Classics Custom Shop équipée de micros à réduction de bruit Kinman. Mon système de vibrato classique a d’ailleurs eu du mal à tenir l’accord…

L’idée ici est de montrer que vous n’avez pas besoin d’un monstrueux Marshall pour « approcher » le son du maitre. Ce qui est difficile à reproduire sont les différentes techniques utilisées plus ou moins subtilement par Jeff Beck pour créer ces sons si uniques, juste avec la guitare :

  • utilisation des doigts, pas de médiator !
  • slap : Jeff Beck tire souvent sur les cordes comme les bassistes le font quand ils slappent. C’est particulièrement efficace avec une strat, peut-être parce que le vibrato « rebondit » en quelque sorte.
  • violoning : utilisation du volume de la guitare pour supprimer l’attaque des notes et ainsi créer un effet de « violon »
  • vibrato: utilisé aussi bien pour créer des effets de modulation subtils ou beaucoup plus prononcés. Jeff Beck est l’un des maitres absolus en matière d’utilisation du vibrato.
  • utilisation des différents micros de la strat : brillance du micro aigu, son plus sombre du micro grave

C’est un catalogue incomplet bien sûr mais je démontre, enfin j’essaye, certaines de ces techniques dans cette vidéo (qui j’en suis bien conscient n’est pas exactement un grand moment de musique) :

Les réglages étaient les suivants:

  • Sur le Champ: Volume 2.5, Bass 10 Treble 2
  • Sur la SD-1 : Gain à fond, tone à 9 heures et level à 1 heure
  • Sur la RV-3: Mode Hall, Balance à 1 heure, tone à 10 heures, Time à 1 heure

Le tout a été enregistré avec un BOSS Micro-BR, repris avec un shure SM-57 et mixé dans Cubase 5, un peu de compression a été ajoutée à la guitare et au mix.

Enfin, voici un court échantillon montrant le son clair de base suivi du son saturé avec la SD-1 seul et enfin l’ajout de la réverb RV-3 :

[audio:http://www.guitartoneoverload.com/audioHIDDENZZZZ/JeffBeckFX.mp3|titles=Jeff Beck FX Before and After]

Guitaristes: Robert Smith des Cure

J’aurais pu commencer cette série consacrée aux guitaristes de tous bords par un article sur un virtuose heavy-metal instrumental (et croyez moi, je les écoute tous ou presque) mais j’ai décidé de me pencher sur le style et le son du guitariste de The Cure: Robert Smith. Je vais également tenter de reproduire ses textures atmosphériques caractéristiques en utilisant des pédales répandues.

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image courtesy of thecure.com

Les Cure se sont formés en 1976 et s’appelait d’abord « The Easy Cure ». Ils changèrent leur nom en « The Cure » 2 ans plus tard. Leur style est assez sombre que ce soit au niveau de la musique ou des paroles. Ils sont considérés comme un des chantres du style « new wave » avec entre autres Joy Division. Les Cure existent toujours aujourd’hui et ont sorti un album (4:13) en 2008. Bien que les membres du groupes aient changé souvent au fil des ans, Robert Smith, chanteur/guitariste est une constante (avec le bassiste Simon Gallup). Il écrit également la plupart des morceaux. Vous pouvez trouver une biographie plus complète ici.

En tant que guitariste, Robert Smith crée des textures atmosphériques à grand coup d’effets de modulation et de delay. A partir de l’album « disintegration » sorti en 1989, la guitare « baritone » Fender Bass VI, sorte d’hybride entre basse et guitare, devient  un de ses instruments favoris. Il en reste l’un des rares utilisateurs dans le monde du rock.

Mais je vais me pencher ici plus précisément sur un album qui, pour moi, a défini le son des Cure: seventeen seconds sorti en 1980 (cela ne nous rajeunit pas). Cette album comporte un morceau d’anthologie: ‘A Forest’. Ce morceau était si important dans les années 80 que nous l’avions choisi comme le tout premier morceau à reprendre dans mon tout premier groupe (je jouais du clavier avec un doigt à l’époque donc « The Cure » était tout indiqué).

La production de ‘A Forest’ est détaillée dans l’édition de décembre 2004 du magazine britannique de référence Sound on Sound (en Anglais). On y apprend que le son de guitare « de base » provient d’une Fender Jazzmaster branchée dans un ampli Roland JC-120 dont le chorus stéréo intégré et le son clair ont été capturés par deux micros. S’ajoute à cela une pléthore d’effets de studio (flanger, delay et réverb) pour créer ce son très atmosphérique. Au début du morceau, le son de guitare est modulé mais assez sec pour devenir plus spacieux par l’introduction de delay vers la fin.

Cette séquence est reproduite dans cette version live de 1984 et Robert Smith utilise des pédales pour reproduire le son studio:

Il y a beaucoup de version live de ‘A Forest’ sur youtube et vous remarquerez que dans les versions plus récentes, le son de guitare est moins sec et comporte encore plus de modulation et de delay.

Pour tenter de reproduire le son de Robert Smith, j’ai utilisé les pédales suivantes ( le maquillage et la coupe de cheveux sont optionnels):

  • Un flanger Boss BF-2 (il a été remplacé par le BF-3 dans la gamme Boss mais il est très facile de le trouver sur le marché de l’occasion). Réglages utilisés: manual 60%, Depth 75%, Rate 50% and Res 25%.
  • Un delay Boss DD-3: tous les réglages à 50%.
  • Une réverb Boss RV-3 (remplacée par la RV-5): balance 25%, tone 30%, r.time 40%, mode 10

Bien sûr, d’autres marques que Boss peuvent convenir pour s’approcher du son de Robert Smith. Au minimum il vous faut un bon flanger ou chorus (j’opterais plutôt pour un flanger mais un chorus assez puissant peut convenir aussi). L’intéressé lui-même est un fan de Boss et utilise ou a utilisé tous les modèles de pédales de modulation (chorus et flanger mais aussi phaser) et de delay du fabricant. Le site de Roland donne des informations en français sur la gamme.

Pour ces exemples sonores, j’ai utilisé une Fender Stratocaster  (des micros simple bobinage me paraissent plus adaptés) Custom Shop American Classics de 1997 équipée de micros « sans bruit » (noiseless) Kinman. La guitare est branchée dans les pédales en série puis dans un préampli Marshall JMP-1 réglé avec un son clair (canal « clean 1 » et gain de seulement 9). Le préampli est branché directement dans un enregistreur multipiste Boss Micro-BR.

Guitare seule d’abord (son clair avec juste de la réverb, flanger enclenché en deuxième partie et enfin delay dans la troisième partie):

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Audio MP3

Et maintenant voici une tentative de reproduire l’atmosphère de ‘A Forest’ (je joue l’intro puis une impro qui rappelle la fin du morceau, la basse est enregistrée en direct et la batterie provient de la boîte à rhythme du  Micro-BR):

Audio MP3
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